Bouygues obtient le gros contrat LGV

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jeu, 19/01/2012 - 00:45
http://www.bakchich.info/france/2012/01/19/bouygues-attrape-le-tgv-avant-la-fin-du-triple-aaa-59948

Bouygues attrape le TGV avant la fin du triple AAA

Quel timing ! La veille de la dégradation de la dette souveraine par Standard and Poor’s, la France a réussi à engager sur les rails quelque 2 milliards de nouvelles dépenses. 

 

 

C’était le 12 janvier, du temps où on était encore un grand pays…

Ce jour-là, Réseau Ferré de France a retenu le groupe Bouygues pour être à la tête pendant 25 ans d’un bout de ligne à grande vitesse qu’il construira entre Nîmes et Montpellier (60 km). Si tout va bien, le contrat définitif sera signé « avant les présidentielles ». Et le groupe de Martin Bouygues, ami du président de la République, sera heureux d’avoir définitivement ce contrat ferroviaire qui lui manquait.    

 

Les Majors du BTP servis 

avant l'élection

 

En quelques mois, les trois majors du BTP ont été servis par l’Etat. Mi 2011, Vinci a obtenu la gestion de la future ligne géante Tours-Bordeaux( 300 km, environ 7 milliards d’euros ), puis Eiffage a raflé celle de Le Mans Rennes (180 km, 3,4 milliards d’euros ) que lorgnait Bouygues, finalement récompensé en Languedoc-Roussillon.

 

Pour pallier le manque d’argent public, la formule soit disant magique du PPP - partenariat public privé - est utilisée à fond. Elle consiste à privatiser de futurs morceaux du réseau ferroviaire pour en confier la construction mais surtout l’exploitation à ces groupes.

 

 

Lesquels apportent une part du financement de départ. En contrepartie, l’Etat, via RFF n’a d’autre choix de leur verser chaque année une rente tout au long de la durée du contrat qui varie de 25 à 50 ans. (Sur Tours Bordeaux, Vinci empochera directement les péages que versera la SNCF à chaque passage de TGV). Le PPP, « une bombe à retardement» selon le Parisien/Aujourd’hui.  Début janvier, le journal a dénoncé cette folie dont raffole pour de nombreux domaines gouvernement et élus et qui revient à reporter de la dette dans le temps.

 

Surtout, le PPP ne dispense pas dès le départ la puissance publique de mettre au pot sous forme de subventions, le privé n’ayant pas les moyens d’emprunter la totalité de la somme. 

 

En vantant avec l’enthousiasme d’un croisé la future ligne Nîmes-Montpellier qui ouvrira en 2017, le directeur général adjoint de RFF Jean-Marc Delion – ex conseiller de Villepin à Matignon du temps où celui-ci privatisa les autoroutes - est resté dans le flou. Il n’a pas été capable de chiffrer exactement devant la presse ce que s’engagent à payer Etat, RFF (Le loyer versé à Bouygues serait d’environ 70 millions par an. Et les collectivités vont verser 560 millions d’euros pour le projet qui comprend aussi deux gares distantes de 60 km). et collectivités dans ce futur PPP dont le coût global est de 1,8 milliard d’euros( 200 millions s’ajoutent pour des annexes dont les gares). Comme si ces questions étaient triviales. L’argent public, un problème aujourd’hui ?  

 

Fuite en avant à Grande Vitesse!

 

Avec cette fuite en avant dans la construction de lignes TGV, le citoyen un peu crétin se pose la question. A quoi a donc servi le grand tralala des Assises du ferroviaire censées s’attaquer aux racines des maux (coûts de fonctionnement de la SNCF toujours supérieure à l’inflation, dette galopante du secteur) du rail ? Lancé par Nathalie Kosciusko Morizet, la ministre de l’Ecologie, ce brain storming de trois mois a pourtant abouti mi-décembre à une horrible prise de conscience. « Il manque chaque année 1,5 milliard d’euros dans le système ferroviaire. Et en raison de la facture de construction des lignes TGV la dette de RFF va passer de 30 à 60 milliards d’euros en 2025 », s’est étranglé l’essayiste avocat Nicolas Baverez qui présidait un des groupes de travail. Constat repris à son compte par NKM.

 

Après Sarko le déluge ferré

 

Mais impossible de ralentir le train infernal de la grande vitesse, de repousser à plus tard certains projets. Nicolas Sarkozy, le Néron de l’Elysée y met un point d’honneur. Il sera « le premier président à construire quatre lignes de TGV en même temps », aux 3 PPP s’ajoutant le chantier en cours du dernier tronçon de la ligne vers Strasbourg. Les milliers d’emplois crées à court terme par les chantiers pèsent politiquement plus lourds que la dette refilée aux générations futures.  

 

« Le président a dit qu’on ferait Nîmes Montpellier, rappelle NKM, les conclusions des Assises s’appliqueront aux futures lignes prévues par le Grenelle de l’environnement ». Preuve de la cohérence de ces déclarations, le 18 janvier, Thierry Mariani, le ministre des transports s’empresse de signer une convention de financement pour une future branche du TGV Rhin-Rhône. 

Certitude, avec les trois PPP, « on vient d’engager 15 milliards de dépenses, calcule RFF. Sans doute la dernière fois avant très longtemps ». 

Après Sarkozy le déluge !

 

A lire pour comprendre la folie du tout TGV, FGV, Faillite à grande vitesse ( Cherche Midi, septembre 2011)  Marc Fressoz